le 15 juin 2024

La Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude vous invite samedi 15 juin 2024 à assister à sa prochaine séance à l’amphithéâtre de l’AgriCampus à Castelnaudary

Entrée libre et gratuite.

à 14 h 30 Jacques Maubuisson : Conséquences de l’ouverture du Canal du Midi sur les rapports entre propriétaires fonciers et métayers dans la zone céréalière du Haut-Languedoc (Toulousain et Lauragais) entre 1681 et 1914 - Ière partie : L’âge d’or du froment, 1681-1819.

Avec la fin de « l’âge d’or » du Pastel vers 1561, le Haut-languedoc connait une période de récession économique. L’ouverture du Canal du Midi en 1681 lui ouvre une nouvelle période de prospérité en lui permettant de développer ses exportations de blé (froment) vers le Bas-Languedoc, la Catalogne et même la Provence, l’Espagne et l’Italie, grâce à la réduction considérable des coûts de transport de l’ordre de 80 %.
Certes, le développement de la culture du maïs à partir de 1637 avait donné un nouveau souffle aux exploitations agricoles. Mais, à partir de 1730, le marché du blé (froment) « explose » et les propriétaires fonciers qui contrôlent environ 70 % des terres labourables (qu’ils font travailler par des métayers) entendent bien profiter au maximum de cette manne.

Pour cela, ils développent diverses stratégies :

  • Limitation de la sole de maïs au profit de celle du froment
  • Retournement des prairies naturelles. Défrichement
  • Remplacement de la jachère par des cultures fourragères
  • Application des principes des agronomes du XVIe au XVIIIe siècle d’Olivier de Serres à Arthur Young, avec l’agriculture anglaise comme modèle : la « nouvelle agriculture »
  • Introduction de nouveaux instruments aratoires
  • Amélioration des techniques d’élevage du mouton
  • Etc.
     
    Mais ils se heurtent à la résistance de leurs métayers qui ne veulent pas changer leurs habitudes et restent très attachés à leur maïs. Cette situation amène bon nombre de propriétaires à remettre en cause les contrats de métayage pour y substituer des contrats de « maître-valetage » qui leur permettent d’avoir la maîtrise complète du processus de production et un partage de la valeur plus avantageux. Ce type de contrat spécifique au Haut-Languedoc est un mélange de salariats et de métayage (contrat innomé, c’est-à-dire non reconnu par le Code civil).
    Mais à partir de la loi du 16 juillet 1819, commence le déclin de cette période faste avec l’ouverture du marché du blé aux importations, sous la pression des industriels qui redoutent les conséquences de pénuries alimentaires. Ce déclin est accentué par l’arrivée du chemin de fer en 1857 dans le Sud-ouest et la politique de libre-échange de Napoléon III : le Haut-Languedoc perd son monopole de la vente du blé en Méditerranée occidentale. La rente foncière décline inexorablement, les propriétaires fonciers se tournent vers d’autres activités économiques.
    Même si ce type de contrat continue à être utilisé jusqu’à la guerre de 1914, les propriétaires fonciers morcèlent et vendent leurs métairies aux paysans ou reviennent au métayage.